Les anecdotes patrimoniales des Passeurs de
Mémoire de Pessac
Le
portail du domaine Bourrec (aout 2020-2023)
Dans l'anecdote du flutiste de
Fanning-Lafontaine, il est fait mention
d'un portail ayant échappé à la destruction au siècle dernier.
Aujourd'hui, voici son histoire.
Dites "Bourrec" à un Pessacais, et immanquablement il vous parle du
marché du dimanche matin connu au delà des limites de la commune.
- Le recensement de 1901, fait état vivant sous le même toit de
Georges Bourrec 56 ans
Cairns Rose Angèle 51 ans - rentière et mère de Malzine Henri
De Malzine Henri 24 ans - rentier et propriétaire du château Coutant à Saint-Hilaire-sur-Helpe
ainsi que de deux domestiques Malignon Augustine et Laudignon Louis.
Au 19ème siècle, le château de
Coutant est entré dans le giron de la famille
Recq de Malzine qui le conservera jusqu'en 1946.
- Le 10 décembre 1902 à Pessac, se marient M. Recq de Malzine
demeurant avec sa mère Cairns Rose au château Montaigne à Pessac et
Melle Granier de Cassagnac Lydie. Les témoins sont Georges Bourrec et
son frère Auguste, alors maire de
Beliet.
Le contenu de ces deux documents (recensement et acte de mariage),
permettent de donner l'appellation de
"Château Montaigne" à la résidence de M. Georges Bourrec située à la
fin du 19ème
siècle à l'emplacement "Parc Pompidou".
Un magnifique portail couronné par un entrelacement des lettres "GB" en
une artistique arabesque
marquait l'entrée du château. "B" pour Bourrec et "G" pour Georges.
Le recensement de 1921,
présente Cairns Angèle comme épouse de Bourrec Georges ainsi que Recq
De Malzine Henri et Recq Malzine Lydie respectivement comme beau-fils
et belle-fille de Georges Bourrec. Il n'y a plus de trace de Bourrec au
recensement de 1925.
Cette
belle demeure qui a par la suite été rebaptisée selon des témoignages
"Belle-vue" puis "Niesco" aux environs de 1959, a
disparu en 1975 au moment de la construction de la poste principale de
Pessac.
Située juste à côté de l'Orangerie dont les façades et la toiture ainsi
que la demeure avec péristyle sont classées "monuments historiques"
depuis 1984, la propriété Bourrec n'a pas eu cette
chance.
Lors de sa destruction en 1975, le portail d'entrée a été démonté
pierre par pierre et intégralement remonté
à l'entrée de la propriété du 2 bis rue Camponac.
Pendant 44 ans, bichonné, pomponné, sous le regard du petit flutiste de
fanning-Lafontaine
(voir anecdote du flutiste) il a salué les passants, accueilli les
propriétaires.
Arrive 2017, année fatidique pendant laquelle tout a basculé pour lui
avec la construction
d'une résidence de standing en lieu et place de la maison de charme qui
accueillait, flutiste et portail.
Avant les travaux, la partie ferronnerie qui en faisait tout son
panache a
été démontée, les piliers protégés et l'accès condamné. Les camions de chantier passaient
par un autre accès plus à gauche.
Innocemment, le pessacais imaginait que cette disparition était
temporaire et cachait
une réfection avant repose.
Hélas, à ce jour, la résidence est achevée,
déjà habitée mais l'entrelacement de lettres n'est pas réapparue et le
petit flutiste a disparu.
Les personnes ayant participé à la sauvegarde de 1975 et les artistes
qui avaient oeuvré sur cet ouvrage
doivent être bien tristes de voir ainsi par manque d'intérêt
patrimonial, leur ouvrage définitivement promu à l'oubli.
Plus de portail
et plus de flutiste
Un
heureux dénouement - Les retrouvailles du portail
Pour la Noël 2023, le Père Noël a ramené dans sa hotte l'artistique
arabesque des lettres "GB" en
ferronerie.
Six ans après son démontage, elle chapeaute de nouveau le portail de la
résidence du 4-6 rue de Camponac.
Les propriétaires de la résidence se sont battus pour récupérer ce
morceau de patrimoine; c'est chose faite et nous les en remercions.
Le souvenir de Georges Bourrec
qui a laissé son nom au marché est de nouveau présent et cette oeuvre
d'art de ferronerie va continuer à perpétuer le savoir faire des
anciens maitres ferroniers.
Le petit flutiste est quant à lui toujours porté disparu.
Les
croix de mission de Pessac (mai 2020)
Nous, les 7 croix de mission de
Pessac, adressons un grand merci au Cardinal Donnet à qui nous devons
notre naissance.
Inquiet du faible taux de Pascalisants à Pessac, il fit
entreprendre sur notre territoire 2 missions de christanisation pour
essayer de rameuter le troupeau des ouailles vers l'église Saint-Martin
de Pessac. (1)
Déjà, en 1858, il avait oeuvré pour l'installation de 2 cloches
supplémentaires dans le clocher de l'église, en vain.
"Les cabarets sont pleins, l'église est vide" se plaignaient les curés.
Ceci est l'histoire de nos 150
ans de vie et de notre relation avec les quelques 6 générations de
Pessacais que nous avons vu naître. (2)
Au début en 1870, tout était merveilleux. Bien dressées sur nos socles,
notre ferronnerie rutilait sous le soleil. Notre regard portait loin
sur les vignes où les laborieux vignerons payaient de leur labeur les
frais de notre édification.
Chaque jour les villageois de Poujeau, du Monteil et d'ailleurs nous
saluaient d'un signe de croix machinal, parfois négligamment baclé.
Nous n'étions jamais vraiment seules et voyions défiler les charrois de
bois venant de la Lande de Toctoucau et au-delà.
Et puis arrivait le printemps, période durant laquelle nous étions
particulièrement
choyées, avec les grandes fêtes religieuses ; la Fête Dieu, les
Rogations, c'était le grand jeu.
Nous les entendions arriver de loin,
pomponnés, porteurs des bannières, de paniers de fleurs, ils venaient
quémander l' abondance pour les cultures à venir.
Le temps a passé, les automobiles sont arrivées; fini le petit signe de
croix machinal, plus le moindre regard. Petit à petit nous fûmes
délaissées, abondonnées, oubliées.
Les affres du temps rongeaient notre
ferronnerie, notre socle; nous perdions nos atours. Une route à
tracer, un trottoir à élargir, il fallait remplacer le sable du chemin
par un bitume accueillant pour les nouveaux véhicules motorisés; alors
nous étions déplacées.
Puis vint le temps des sévices, plus ou moins volontaires. Sciées à la
base, dissociées de notre support nous étions abandonnées au bord du
caniveau à la merci de l'oubli.
Nous avons eu de la chance; de bonnes âmes qui ne voulaient pas que
nous sombrions dans l'oubli, nous ont récupérées, bichonnées et nous
sommes toujours là, 150 ans après pour vous parler.
Notre
histoire personnelle
est une succession de déboires et de bonnes fortunes que nous allons
vous compter. Notre emplacement n'a pas été choisi au hasard, nous
sommes installées dans les endroits les plus peuplés (3)
de Pessac en ce
milieu du 19ème siècle.
(1) La pratique religieuse dans le diocèse de Bordeaux au 19ème siècle
de B. Peyrous
(2) Les croix de
mission de Pessac de M. Jean-Claude Dambiel édité
en mai 2011.
(3) les données démographiques de l'année 1846 sont issues du "Livre de
Pessac"
1869 - 4 Croix de mission
L'accidentée du Poujeau
Je suis juchée sur une borne féodale à l'entrée du village du Poujeau,
premier lieu habité de Pessac avec ses 185 habitants (48 ménages).
J'annonce mon nom "Croix du Poujeau
1869".
Ma vie a risqué de s'achever en Octobre 2000 (lire article de presse sud-ouest du 02
octobre 2000).
La villageoise du
Monteil
La vie m'a privilégiée, je n'ai jamais bougé, ni connu de sévices du
moins que je m'en souvienne et j'anime la vie de ce qui est en 1846 un
petit village avec ses 186 habitants (49 ménages).
Je suis installée comme mon ainée du Poujeau, sur une borne féodale à
l'ombre d'un bel arbre sur la
petite
place Jean Mette; petite place intégrée à la place du Monteil.
J'annonce mon nom "Croix du Monteil 1869" amis antérieurement j'ai
également porté le nom de "Croix du moulin à vent"; il y avait
effectivement un moulin à vent situé au Monteil.
La citadine de la
Canelette
Je pense être toujours sur mon lieu d'implantation d'origine. En 1924,
adossée à une grande pairie je repirais l'air pur, aujourd'hui je suis
beaucoup moins privilégiée
que ma consoeur du Monteil. Je suis érigée
sur un socle en pierre à un carrefour passant et perdue
au
milieu des panneaux de signalisation, ne sachant où donner de la tête
chaque fois que le feu passe au rouge ou au vert.
J'
annonce mon nom "Croix de Canelette1869".
La disparue de
Saint-Martin
Autour
de l'église Saint-Martin, le nouveau bourg s'est construit petit à
petit pour atteindre en 1846, 46 maisons et 184 habitants.
Je suis à ce jour, toujours en quête de mon autre moitié, la plus
élégante. Installée sur le cours de Lamartine, il ne reste de moi que
mon socle
qui affiche mon identité "Croix de saint-Martin 1869". Je n'ai aucune
certitude
quant à l'existence de ma partie sommitale.
En 1908, j'étais toujours
intégrée au muret en pierre de la clôture de la propriété Reva mais
vers 1995, ma ferronnerie a été déposée. Par qui ? mystère.
La rumeur
court que ma moitié haute aurait été réinstallée sur un socle en béton
à Fontaudin.
1870 - 3 Croix de mission
La déplacée de Ladonne
J'ai
été placée sur ce carrefour névralgique devant lequel passaient
nécessairement
pour se rendre au Monteil ou vers le Bourg, les 189 habitants logés
dans les 44 maisons disséminées dans mes alentours.
Au
carrefour de ce qui était le village de Ladonne, j'ai été légérement
déplacée sur le même trottoir
lors de la création de la voierie dans les années 1970.
Dans mon acte de baptême inscrit sur mon socle en pierre, seule figure
l'année de mon installation "1870".
La campagnarde de Noës
Comme
Ladonne, je suis un peu excentrée, elle au sud, moi au nord. Mon
habitat de 20 maisons avec ses 99 habitants est regroupé au carrefour
du
petit chemin qui monte vers le plateau de Noës. Je
pourrais porter le nom de 'la chanceuse' car moi non plus je n'ai
jamais
été déplacée. Je suis tellement à la campagne que parfois ronces
et arbustes me recouvrent totalement à tel point que je semble
disparue. Ma vie ne tient qu'à un coup de sécateur...
A l'entrée du petit chemin de la Croix de Noës (devenu tout
récemment une rue), je suis à l'emplacement de ce qui
était à l'époque le village de Noës.
Comme
mes copines de Ladonne et de Madran, aucun nom officiel à mon état
civil; seule figure sur mon socle en pierre, l'année de mon édification
"1870".
L'instable de Madran
Madran
et
Saintout, ces 2 petits hameaux mitoyens abritaient à eux deux 48
maisons, ce qui portait leur population de vignerons à 180 habitants,
les mettant au même niveau d'importance que Monteil ou Poujeau. J'ai
été déplacée,
ballotée pour être protégée à tel point que peu de monde se souvient
encore de
mon emplacement d'origine. A ce jour, j'ai changé 3 fois d'emplacement.
1er déplacement - Témoignage de M.
Gilbert Gach (article du Sud-Ouest du 17 octobre 2000)
A l'origine, la croix était
située à l'angle de l'avenue du Pont-de-l'Orient. Elle débordait sur
l'étroit trottoir de terre à demi-engloutie par des buissons non
entretenus. Quand j'ai vu qu'elle pendait après avoir été bousculée et
qu'un fleuron à l'extrémité d'une des branches avait été brisé, j'en
suis arrivé à la conclusion qu'elle serait vite détruite. En effet, les
camions prenaient le virage trop court et les vandales ne manquant pas,
je n'en donnais plus pour longtemps à ce témoin du passé. J'ai suggéré
au président des Amis du beau et vieux Pessac, M. Saint-Orens
(aujourd'hui décédé) de faire transférer la croix à l'abri du mur de
clôture du château Pape-Clément.
C'est ainsi que cette croix de mission rénovée a été
placée sur un
petit tertre joliment entretenu et en évidence à l'intérieur de la
propriété".
2ème déplacement - Octobre 2000, un petit jardin médiéval est créé
devant l'ancien chai du château et la croix est déplacée au centre de
ce petit jardin; emplacement tout a fait approprié si ce n'est qu'elle
n'était plus à la vue des passants et à fait craindre au pire ( voir
article Sud-ouest du 9 octobre 2000).
3ème déplacement - Octobre 2019, un magnifique Christ remplace la croix
et la croix a trouvé un autel.
Jeu des
chaises musicales:
Le christ déjà dans le parc a été remplacé par une
splendide Rolls Royce (sculpture de Stéphane Cipré), et lui-même a
remplacé la croix qui a migré le long du mur ouest de l'ancien chai.
Confinement - Octobre 2020, en cette année où l'humanité a découvert la
Covid, moi aussi je suis mise en confinement. Des barrières certes très
belles empêchent désormais l'accès aux Pessacais; il leur faudra
désormais acquitter un droit de visite pour venir me saluer. Dans
quelques années, plus personne ne saura d'où je viens, qui je suis
vraiment et l'on parlera de moi très banalement comme de "la croix Pâpe
Clément" qui se trouve dans la cour du château. J'aurai perdue mon
identité, mes racines, je ne ferai plus partie de l'âme du village de
Madran et plus
du tout du patrimoine pessacais. C'est ainsi que l'on tombe dans
l'oubli, encore vivante mais sans épitaphe à mettre sur ma tombe.
Je lutte encore et me revendique comme "la croix de mission de Madran";
sait-on jamais le propriétaire actuel du château Pape Clément entendra
peut-être mon appel !
Le
flutiste de Fanning-Lafontaine (avril 2020)
Un petit domaine connu sous le
nom de Conte, puis de Comte appartenant en 1826 au Baron Auguste de
Sarget.
Lorsqu'il passe par succession dans les mains de la Baronne de Sarget
vers 1897, il prend le nom que nous lui connaissons de Fanning-Lafontaine.
Dans un coin de son magnifique parc, il est un petit flutiste perché
sur son piédestal.
Plan Pessac
1813
Plan Fanning
1833
château Fanning
Flutiste dans le parc
En 1917, le château et son domaine sont rachetés par Nicolas Désiré
Cordier, négociant en vins de l'Est de la France qui a fondé à Bordeaux
une importante Maisons de vins.
Au décès de sa femme en 1919, Désiré Cordier a renoncé spontanément au
profit de ses 5 enfants à ses droits, pour laisser le tout en un bloc
intact connu sous le nom de sociétés familiales "Désiré" à Toul et
"Société Civile" en Gironde. A son décès en 1940 à Pessac, Désiré a
déjà vu
mourir 3 fils.
La Société Civile Cordier et Cie vend en 1959, le domaine à l'Union
Mutuelle de Gironde pour la construction de la clinique mutualiste.
Mais lors de ce
démantèlement, qu'est devenue la petite statue du joueur de flute qui
agrémentait un petit coin du parc ?
Elle est réapparue dans un joli jardin de la rue de camponac. A
l'entrée de ce jardin, il est un magnifique portail, récupéré de
l'ancienne propriété, elle aussi disparue lors de la construction de la
Poste Principale dans le parc Pompidou.
Ne les cherchez pas, ils ont disparu en 2019, lors de la construction
de la résidence du "Domaine des Grands Arbres".
Un petit espoir, il reste une partie du portail.
Peut-être sa partie sommitale est elle en cours de restauration et va
faire une réapparition ?
Peut-être portail et statue ont ils suivis en d'autres lieux leurs
seconds propriétaires ?
Quoi qu'il en soit, nous sommes curieux de savoir leur avenir pour
continuer à en raconter l'histoire.
Mort
énigmatique de Jean Gustave Cordier au château de Fanning-Lafontaine.
Jean Gustave Cordier,
propriétaire du château Fanning-Lafontaine et du
château Brivazac- La Paillère fut maire de Pessac de 1925 à 1928.
C'était la période après la fin
de la
grande guerre et avant le crack boursier de 1929, dite des "Années
folles" où la France se modernisait et les esprits s'émancipaient.
Sa mort brutale et
énigmatique un jour de Noël 1928 au château Fanning-Lafontaine
interrompt brutalement sa mandature; il
n'avait que 34 ans.
Cette mort déclarée suspecte
fera l'objet d'une enquête avec autopsie avant d'être déclarée comme
mort
naturelle.
De ses 4 années à la tête de la mairie de Pessac, il va laisser à la
postérité un stade, une
école, le nom de la grande place et de nos jours une avenue qui porte
son
nom.

1924
stade Jean Cordier avec
son
Ecole Jean Cordier édifiée
La place centrale Jean Cordier
foyer inauguré
en1966
pour la
maternelle de 1926 à
1928
de 1935 à 1941
et son fidèle gardien Gérard Taudin
pour la primaire de 1932 à 1938
Son frère Georges Cordier lui succèdera à la mairie de 1929 à 1935.
Les
fontaines de Pessac (janvier 2020)
Des
fontaines de Pessac, il reste des noms qui jalonnent nos rues 'Rue de
la Fon de Madran', 'Rue de la Fon de Pessac'. Il existait pourtant bien
d'autres fontaines à Pessac dont la Fon de Razon, la Fon du Gué de
Razon, la Fon de Azam, la fontaine d'Aubrion, la fontaine du Pape, la
fontaine de Noës.
Fontaine de Noës
En 1853, le puits qui se trouvait sur la place de l'église est aménagé
en fontaine avec pompe, piédestal et colonne pour l'alimentation en eau
potable. C'est le
début de la création du bourg de Pessac tel que nous le connaissons;
cette fontaine donnera de l'eau au Pessacais jusqu'en 1922, date de sa
destruction.
Un abreuvoir public au lieu dit du Pont de Razon servait notamment pour
les chevaux du service omnibus par traction animale qui a précédé le
tram électrique jusqu'en 1896.
De
toutes ces fontaines, il reste de rares bâtis, situés pricipalement
dans
le domaine privé, une seule est toujours visible sur le domaine
public
Fontaines
du domaine privé
La fontaine d'origine dite " Fontaine
du Pape"
est signalée sur une carte datant d'avant la révolution. Elle est
alimentée par une source qui donne vie à l'un des ruisseaux peut-être
méconnu des Pessacais 'Le Madran'. Ce ruisseau alimente encore des
bassins et viviers qui passent au fond des propriétés de la rue de la
Paix.
La fontaine actuelle (photo ci-dessous) construite au 18ème siècle
trône au fond
du jardin d'un domaine privé et a fait l'objet d'une belle restauration.
Bien que située dans un
domaine privé elle est visible lors d'une ballade patrimoniale
commentée qui a lieu au printemps.
La "Fontaine d'Aubrion" dont
il
reste le bâti est située aux abords du 'Peugue' qui traverse le domaine
des
Carmes Haut-Brion. Elle date du 14ème siècle, bien avant que le
Seigneur
de Haut-Brion ne lègue le domaine aux Pères Carmes.
Fontaine
du domaine public
La fontaine située dans le parc
du château de Camponac, la seule sur le domaine public devrait
s'appeler la 'Fontaine de Saige'.
Des fontaines qui se trouvaient sur le domaine de Saige, elle est la
seule à avoir subsisté lors de la construction de la cité de
Saige-Formanoir et a bénéficié d'une opération de sauvetage dans les
années 1980, de la part de l'association des 'Amis du beau et vieux
Pessac'.
Fontaine de Saige dans
son lieu d'origine
A l'entrée du domaine de Saige se
trouvait une fontaine souterraine (dessin d'Albert Mayoux) qui a été
détruite par les concepteurs de la circulation. Elle était située à
l'emplacement actuel du carrefour de l'avenue de Saige et et de
l'avenue du Maréchal Juin.
La fontaine installée à Camponac,
la seule à avoir subsisté se trouvait le long du ruisseau le 'Serpent',
derrière l'ancienne station Esso, avenue de Saige.
"Avant la création de la Cité
de Saige, la propriété de Saige possédait 5 sources naturelles coulant
d'abondance. L'une alimentait le vivier datant du Moyen-âge et remanié
au 18ème siècle, quatre autres étaient captées et abritées par de
charmantes fontaines monumentales.
Le château de Saige a été démoli par un
lotisseur, deux fontaines ont
disparu de son parc. La fontaine dont nous demandons le sauvetage est
un pur 18ème siècle d'une architectonique remarquable. Alors que nous
en sollicitions le don, elle nous a été offerte par la société Esso qui
la cache derrière son poste d'essence. Notre premier courrier avec le
directeur M. Boissonnade date de 11 avril 1986. Depuis nous l'avons
dégagée d'une végétation envahissante et nettoyée avec une équipe de
bénévoles ...Un don à la ville nous a paru opportun. M. Guenaut , chef
de région l'a accordé. L'affaire est entre les mains de M. Cantarel
adjoint au parimoine".
La fontaine a été reconstruite pierre par pierre dans le parc de
Camponac au bout de l'allée
de platanes où elle fait face au château. Elle comprend un bassin en
demi-lune surmonté sur sa courbe d'un mur en pierre curviligne.
L'ensemble est surmonté d'une voûte en cul de four dont les pierres
assemblées en soleil constituent une remarquable trompe."
A
quand remonte son dernier toilettage ? Des bonsaïs poussent sur sa
trompe, la mousse attaque la pierre, il ne faudrait pas attendre trop
longtemps avant d'entreprendre un nettoyage sous peine de la voir subir
des dommages irréversibles.
Nota Bene: Les dessins des fontaines sont extraits du
livre de Raphaël Saint-Orens 'Histoire de Pessac-Tome3
Alice
Heliodore-Gallienne (novembre 2019)
JE
SOUHAITE DORMIR...
Je souhaite dormir en terre girondine
Dans le rayonnement de mon très cher Bordeaux,
Au rythme somptueux de tant de belles eaux,
Fille de la nature et pourtant citadine.
Que l'estuaire d'or m'accompagne en sourdine
Du bruit fin et soyeux de ses mouvants roseaux,
Scintillants de reflets et chatoyants d'oiseaux,
Près d'un baiser du ciel à la vague voisine.
Car le vieil océan, maître de ce concert,
Ne sera pas bien loin de ma calme demeure,
Simple blancheur au sein d'un paysage vert.
Une tombe parfois, cette place où l'on pleure
Est un refuge sûr pour s'accomplir enfin,
Pour aborder Dieu même et toucher son destin.
Alice Héliodore-Gallienne
Un poème écrit au déclin de sa
vie et publié en 1966 à titre posthume
par son éditeur et ami Mr Samie dans un recueil intitulé "Bordeaux Cité
des Grands Vins".
Un hommage lui est rendu le
15 septembre 2012 par la municipalité de
Pessac. Un conseil municipal du 10 novembre 2014, a voté la création
d'une nouvelle voie nommée "Alice Heliodore-Gallienne. Une allée à son
nom, et au cimetière de Pessac, une tombe où peu
de gens s'arrêtent sont tout ce qui reste de cette grande poétesse
!
Mais
qui est donc Alice Caroline Héliodore Gallienne ?
A l'âge de 48 ans, elle
rejoint Bordeaux et cette année de 1938 sera
selon ses dires une année féconde en ouvrages de prose. En effet dans
cette seule année de 1938, elle n'écrit pas moins de sept romans.
En 1954 elle est la 1ère femme (et seule de son temps) à
rejoindre
l'Académie Montesquieu. Son discours de
réception à cette Académie est déposé à la Bibliothèque de Bordeaux
sous le titre : “ A Travers l'Europe, sur les Traces de Montesquieu ”
(éd. Samie)
Elle n'était pas mariée, n'avait pas de descendants, elle
doit sa
sépulture à la générosité de son éditeur et de Monsieur le Maire de
Pessac, commune où elle repose depuis le samedi 19 novembre 1966.
Le reste de l'histoire
décryptée par Mr et Mme Caron à l'aide du
témoignage de Mr Samie son éditeur et de leurs recherches personnelles
fait l'objet d'un petit livret contenant de nombreux poèmes
choisis parmi la multitude de ceux qu'elle a écrits. Ces 2 amoureux de
la poésie ont fait don de l'intégralité de leur recherche à l'Historial
de
Pessac.
Ce jour de Novembre 2018, Alice Caroline Héliodore Gallienne
est entrée au Panthéon des personnalités de l'Historial Raphaël
Saint-Orens de Pessac avec l'espérance que son oeuvre littéraire ne
sombre pas dans l'oubli.
Une page entière retrace sa vie sur le site de la fédération des
quartiers de Pessac :
https://federation-quartiers-pessac.com/ville-pessac/heliodore-gallienne/
La
genèse de la statue du parc Razon (décembre 2018)
Le livre les «Merveilles de l’exposition universelle de
Paris de 1878»
nous renseigne en page 59 sur les statues de la grande façade du Palais
du Trocadéro. Il y est fait explicitement mention de 30 statues,
situées sur la terrasse supérieure de la salle des Fêtes en rotonde du
Palais du Trocadéro, construit spécialement pour cette exposition de
1878.
Parmi elles la « Musique » par Schroeder.
Il s’agit d’une sculpture de 2m40 de hauteur en pierre calcaire
réalisée en ronde-bosse par le sculpteur Jean-Louis Désiré Schroeder,
élève de François Rude, auteur de la sculpture monumentale connue sous
le nom de la Marseillaise qui figure sur le pilier nord de l’Arc de
triomphe côté Champs-Elysées.
Jean-Louis Désiré Schroeder
a laissé pour sa part des œuvres sur des
grands monuments
de Paris ( «L’Agriculture» dans la cour carrée et
«Le génie de la mer» dans le pavillon des États du
Palais du Louvre, à l’église Saint Etienne du Mont, l’Église
Saint-Augustin, le cimetière Montmartre, le cimetière du Père
Lachaise, l’Hôtel de ville de Paris, ….)
Comment
cette
sculpture «La Musique» installée sur le Palais du
Trocadéro a t’elle migré vers Pessac?
Le palais du
Trocadéro construit pour l’exposition de 1878, n’est pas celui
que nous connaissons aujourd’hui. En effet en 1937, pour
l’exposition des Arts et Techniques la partie centrale du Palais du
Trocadéro a été détruite pour laisser place au Palais de Chaillot
tel que nous le connaissons.
Les statues de la galerie supérieure ont toutes été enlevées
et mises
en
dépôt dans différents lieux. La
"Musique" a été attribuée à la mairie de Pessac en juillet 1936,
elle sera
installée, dans le Parc Razon qui s’appelait alors Parc des
Sports (Voir article La Petite Gironde de 1936).
Que
représente cette sculpture pour les Pessacais ?
Il semblerait que très vite
en 1944, elle ait été vendalisée ce qui
lui a valu la perte d’un bras.
Ses origines sont vite tombées dans l’oubli puisque 55 ans
plus tard
en 1991,
une plaque commémorative a été posée sur le socle de la statue en
hommage à Claude Saint-Orens
compositeur, chef d’orchestre, professeur de musique très actif de
Pessac et créateur en 1918 de l’hymne
Pessacais «La Marche Pessacaise». Sur cette plaque ne figure aucune
mention
des origines de la statue, ni de son sculpteur.
Un article du Sud-Ouest de 2015 faisant état de recherches
entreprises
par l’historien Jacques Clémens sur les origines de cette statue,
mentionne que cette dotation aurait été facilitée par la relation
existant entre le maire socialiste de l’époque Roger Marcade et Jean
Zay, ministre de l’Éducation et secrétaire des Beaux Arts de l’époque.
Le choix de la statue ayant pour thème la Musique est en conformité
avec la vie musicale foisonnante de la commune de Pessac qui dès 1861
voit la création de la Société Musicale Saint-Martin, suivi de
l'Orphéon, de chorales y compris pour enfants, puis en 1933 des
Papillons Pessacais avec fanfare et majorettes.
La découverte des origines de cette statue lui a rouvert
les
portes de
la célébrité. La
municipalité de Pessac se l’est réappropriée, elle a été inscrite le 18 janvier 2017 aux monuments historiques à titre
d’objet par le Fonds national d’art contemporain. Lors du
conseil municipal du 26 mars 2018, la décision a été prise de
lancer une
demande de subvention auprès de la DRAC pour sa restauration.
Restauration faite
de bien belle façon dans les ateliers des
carrières Torano à Frontenac par Jean-Paul Egalon, sculpteur sur
pierre agréé Monuments historiques.
Lors de son déboulonnage en Avril 2018, la signature de
Jean-Louis
Schroeder est
bien apparue sur le socle.
Aujourd’hui,
novembre 2018, elle est revenue en catimini reprendre place sur son
piédestal dans le parc de Razon. Les Pessacais ont redécouvert sa
prestigieuse origine et espérent que les galopins du
21ème siècle seront plus respectueux que ceux du 20ème siècle qui
l’avaient amputée de son bras.
La plaque
commémorative dédiée à Claude Saint-Orens a été enlevée et figure
désormais dans la collection de l’Historial Raphaël Saint-Orens
(musée
du
patrimoine local). Elle fait partie malgré tout de l'histoire de la
"Musique" à laquelle elle a été accolée pendant 27 ans.
Qui
est le maître verrier de l'église Saint-Martin de Pessac ? (octobre
2018)
8 belles verrières
placées en symétrie éclairent
la nef de
l'église,
représentant sur la façade sud des scènes de vie de Saint-Martin et sur
la façade nord des scènes de vie de la Vierge et de l'enfant Jésus. La
signature de l'auteur, ainsi que la date et le lieu de création du
vitrail sont intégrés, en quelque sorte dissimulés dans la scène de vie
des verrières.
Cette signature est
celle du maître
verrier Joseph Villiet
originaire de l'Allier. Après son mariage, il ouvre en 1851 à Bordeaux
son propre
atelier. Il oeuvre pour de nombreuses églises de la région notamment la
primatiale Saint-André, la basilique Saint-Seurin, l'église
Saint-Michel, mais également dans la région (Bazas, Albi), à Paris et
même à l'étranger. Il mène en
parallèle des recherches archéologiques.
Il décède à Bordeaux en 1877 après avoir formé dans cet
atelier des
élèves qui à leur tour porteront haut le
savoir faire de la fabrication du vitrail, notamment Dagrant et Henri
Feur qui
lui succéderont.
Dans l'église Saint-Martin de Pessac, une seule des grandes
verrières
ne laisse plus apparaître sa signature qui a vraisemblablement disparue
lors d'une restauration ultérieure.
Le
mystère de la verrière L'enfant est né de l'église Saint-Martin de
Pessac ? (juillet 2018)
Sur une verrière, le médaillon du bas donne le nom du
donateur de la
verrière.
Sur la verrière représentant "L'enfant est né" figurent des armoiries
coiffées d'une couronne comtale avec comme devise "Frangi potius quam
flecti" "Brisé plutôt que plié".
Un comte aurait donc fait don d'un vitrail à l'église! Quel est donc le
nom de ce donateur ?
Le donateur du vitrail est le Comte
Alexandre Joseph De Clouet de Piettre qui a épousé en 1838 Marie
Janny Journu dont la famille était propriétaire du château du Burck.
Son père Louis De Clouet de Piettre a fondé en 1819 la ville de
Cienfuegos colonie de Fernandina de Jagua à Cuba. Il est devenu
gouverneur militaire et politique de cette colonie pour sa majesté le
Roi d'Espagne qui à ce titre l'a nommé Comte de la Fernandina et
Vicomte de Jagua le 12 juillet 1840. Son fils Alexandre a
hérité du titre au décès de son père en 1848.
Le nom De Clouet apparaît également en tant que souscripteur sur les 2
cloches installées en 1858 (voir épigraphie campanaire ci-dessous)
Ses 2 fils Ferdinand et Auguste ont continué les oeuvres de
bienfaisance sur la paroisse de Pessac (voir les plaques de donateurs
dans la chapelle de l'Historial)
L'épigraphie
campanaire des cloches de l'église Saint-Martin de
Pessac ? (juillet 2018)
L’épigraphie campanaire relevée après moultes acrobaties
photographiques a révélé les noms des ancêtres pessacais plus ou moins
fortunés qui ont oeuvré au 18ème et 19ème siècles pour faire fondre et
installer les 4 cloches (3 dans le clocher plus la sommitale) de
l’église Saint-Martin de Pessac; les fabriqueurs, les souscripteurs,
parrains et marraines, autant de personnages qui nous valent
aujourd’hui d’entendre ces cloches carillonner lors des évènements
festifs, mais qui ont aussi annoncé des heures plus sombres de notre
histoire.
Sans
1/2 roue, pas de volée ni de tintement pour les cloches de l'église
Saint-Martin de Pessac ? (juillet 2018)
A quoi peut donc servir cette
structure en bois
exposée à l'Historial
de Pessac ?
Il
s'agit d'une 1/2
roue (ou 1/2
lune) qui servait à actionner le basculement d'une des cloches de
l'église Saint-Martin de Pessac.
Le système est aujourd'hui électrifié, informatisé, plus
besoin d'un
bedeau pour actionner le mécanisme de bascule de la cloche.
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